Du pluriel et du singulier
Intermittents d’humanité, infirmes de singularité, nommés dans leur excentration – exclus, marginaux, quart monde- ou dans expulsions – oubliés disparus – voilà la matière du travail de Constanza Aguirre peintre ; de Jean Luc Raharimanana et Sami Tchak écrivains ; de Noureddine Boutella musicien. De tout temps, en tous lieux, et de toutes couleurs, cette réalité n’est pas nouvelle. Cependant une démarche créatrice singulière donne à cet objet la force du sujet et nous offre la possibilité d’une appropriation dynamique. Ce parti pris artistique, brise les conventions classiques : ni addition, ni juxtaposition de la peinture, de l’écriture et de la musique. Mais, du fait d’une scénographie qui conjugue image, mot et son, naissance d’une réalité tout à la fois homogène et multidimensionnelle. La pluralité articulée des arts fait la singularité de l’œuvre. Libéré du carcan du témoignage compassionnel, le point de vue créateur renouvelle la représentation sociale de sa matière. La violence devient résistance, le minéral se met en mouvement, cris et douleurs se muent en mots. Marginaux et exclus survivent en pleine lumière au centre de la société. L’immense cohorte des anonymes acquière force d’humanité, se lève, se met en marche et prend la parole. Il y a là, comme le manifeste d’une naissance. Cette érection vaut identification collective, elle ouvre la porte de la singularité. Dans la genèse de l’œuvre comme dans sa réalité, pluriel et singulier ne se contrarient pas, ils se fécondent. Conférant à ce qui, plus qu’une exposition, constitue une manifestation artistique au plein sens du terme, le visiteur ne peut rester spectateur. Non seulement il est interrogé sur ses représentations sociales, mais aussi, il trouve matière à réflexion sur le sens et les formes de la médiation artistique comme chemin entre le particulier et l’universel. Toujours une histoire de pluriel et de singulier…
De lo plural y de lo singular
Intermitentes de humanidad, enfermos de singularidad, nombrados en su abominación - excluidos, marginales, deportados, cuar to mundo - o en su expulsión - olvidados, desaparecidos? Esta es la materia del trabajo de Constanza Aguirre, pintora ; de Raharimanana y Sami Tchak, escritores ; de Noureddine Botuela, músico. En todos los lugares y de todos los colores esta realidad no es nueva (reciente). Sin embargo un proceso creativo singular le da a este objeto la fuerza de un sujeto y nos ofrece la posibilidad de una apropiación dinámica. Esta toma de partido ar tística que quiebra las convenciones clásicas: ni sumatoria o yuxtaposición de la pintura, la escritura y la música, sino, y de hecho, escenografía que conjuga imagen, palabra y sonido, nacimiento de una realidad a la vez homogénea y multidimensional. La pluralidad articulada de artes funda la singularidad de esta obra. Liberada de los grilletes del testimonio compasivo, el punto de vista creativo renueva la representación social, de su materia. La violencia se vuelve resistencia, el mineral se pone en movimiento, gritos y dolores se silencian en palabras. Marginados y excluidos surgen a plena luz, en el centro mismo de la sociedad. La inmensa cor te de anónimos adquiere fuerza de humanidad : se levanta, se pone en marcha, toma la palabra. Allí se encuentra como el manifiesto de un nacimiento. Este levantamiento (erección tiene un carácter simplemente sexual en español) merece identificación colectiva y abre la puerta de la singularidad. En la génesis de la obra así como en su realidad, plural y singular, ella no se contradice con esta dinámica, se fecunda. Confrontado a esta que, más que una exposición, se constituye en una manifestación artística en el sentido total del término, el visitante no puede quedarse como un simple espectador. No solamente es interrogado sobre sus representaciones sociales sino, y talvez sobre todo, encuentra la materia de reflexión sobre el sentido y las formas de la meditación artística como camino entre lo par ticular y lo universal. Siempre una historia de lo plural y lo singular...